Making-off RASPBERRY BOOBY

J'explique ici comment en 2023, un événement déclenche chez moi l'envie d'immortaliser la magie de la relation familiale et de la maternité.

Je décide donc de créer une espèce de trinité : la Mère, le Père et l'Enfant représentés par trois détails anatomiques, modelés dans trois argiles différents et décorés d'émaux vitrifiés qui les métamorphosent en gourmandise.

Voir la sculpture "RASPBERRY BOOBY"

issue de la trilogie NILE EST NÉE inspirée par la joie de la naissance de ma bébé. 

"Raspberry Booby" représente un sein féminin orné de crème chantilly et d'une framboise.

Processus créatif de "Raspberry Booby" Sculpture en céramique de Louise de Gastines

Esthétiquement, cette sculpture m'évoque le précieux des intérieurs de Marie-Antoinette, ces lieux secrets, raffinés, extrêmement féminins.

Boudoir de Marie-Antoinette / Papier peint "Grand Ananas"

Mais aussi les exubérantes réceptions organisées par Louis XIV pour ravir sa cour à Versailles.

Alexandre-François Desportes, Buffet avec pièces d’orfèvrerie royale, huile sur toile, autour de 1720.

Le fruit naturel magnifié, travaillé et rendu absolument sophistiqué, trône en général sur des pièces montées à mille et un étage, rendant l'ensemble absolument irrésistible.

La nature en réalité n'a besoin de rien pour être irrésistible et les arts s'en sont toujours pleinement inspirés.. l'harmonie des formes des couleurs, les textures... tout existe dans une variété infinie et délectable.

La nourriture et l'art sont en effet très fréquemment mariés. Tantôt pour le meilleur et parfois pour le pire comme l'illustre le texte de la revue DICO DÉCODE éditée par le Palais de Tokyo.

Claude Lévi-Strauss décrit dans l’article « Triangle culinaire » (1965), un écosystème de pratiques culinaires humaines – le cru, le cuit, le pourri, le rôti, le bouilli, etc. – qui oscillent entre nature et culture, et déterminent le passage du geste instinctif de se nourrir au geste artistique de la cuisine. La nourriture peuple l’histoire de l’art sous la forme de natures mortes. En représentant des objets comestibles, les artistes figent l’action du temps sur ces denrées périssables. Pourtant, la fermentation, la putréfaction ou le moisissement des aliments font par la suite l’objet d’un champ de recherches artistiques (...)

En 1930, Filippo Tommaso Emilio Marinetti souligne dans son Manifesto of Futurist Cooking, que les humains « pensent, rêvent et agissent en fonction de ce qu’ils mangent et boivent ». La cuisine d’après-guerre se réinvente alors avec le mouvement de la Nouvelle Cuisine qui, à partir de 1973, prône une cuisine plus créative. Au même moment, le Food Art encourage l’utilisation d’aliments dans la création artistique, impulsé par Daniel Spoerri et ses « tableaux pièges » qui figent les restes ordinaires du repas pour en faire des œuvres d’art. Dès lors, les frontières se brouillent entre gastronomie et art : des chefs sont invités dans des manifestations d’art contemporain (comme Ferran Adrià invité à la Documenta XII en 2007 ou Pierre Gagnaire au Palais de Tokyo dans l’exposition « Le Bord des mondes » en 2015), et des artistes ouvrent des restaurants (comme FOOD, un restaurant new-yorkais créé par Carol Goodden, Tina Girouard et Gordon Matta Clark). Disposée à même le sol ou sur des tables de buffets, de cuisine ou de camping, la nourriture a la capacité fondamentale de nous réunir et d’ouvrir l’espace d’un dialogue. Sous forme de représentations picturales, de mises en scène alimentaires ou de performances culinaires, l’art utilise le matériau de la nourriture comme un outil pour questionner les représentations sexistes du corps des femmes, souvent associé à de la nourriture.

Dans ma sculpture, je présente cette analogie de la féminité à la nourriture dans son aspect le plus noble, via le lien vital nourricier qu'elle entretient avec son enfant.

On se rend compte de certaines choses pendant la grossesse mais l'allaitement qui fait suite à la séparation des corps développe encore une nouvelle perception.

Une mère devient vitale pour son enfant à ce stade là de leurs existences car sa poitrine devient l'élément nourricier numéro 1.

La magie physiologique opérant m'a tellement subjugué que j'ai eu besoin matérialiser la sensation dans laquelle me plongeait cette relation. Ce sein gourmand représente mon témoignage.